3 questions à...
Dominique Sutra del Galy,
Cinov ingénierie
Quels sont à vos yeux les prérequis à toute démarche BIM ?
Quand on entre dans un processus BIM, on ne peut démarrer sans une préparation minutieuse du projet. Avant de commencer les études, le maitre d’ouvrage doit formaliser ses attentes de façon claire et précise, et l’équipe de maitrise d’œuvre doit s’engager à respecter une charte de travail préalablement formalisée. Elle doit ensuite mettre en place une organisation adaptée, sous le contrôle du BIM manager dont la mission est essentielle. Cette phase préliminaire, très rythmée et très millimétrée, est cruciale. Une fois que les fondamentaux sont ainsi posés, on peut engager un travail pleinement collaboratif, qui associe les acteurs dans une même séquence et une même temporalité. Mais il faut que l’ensemble des acteurs, y compris le maitre d’ouvrage, maitrise l’outil BIM.
Quels sont les coûts à anticiper pour la maîtrise d’œuvre ?
C’est une démarche qui nécessite un triple investissement, en argent, en temps et par la modification des habitudes de travail. Sur le plan financier, il y a un investissement de départ, en matériel et en formations, que certains bureaux d’études rechignent à réaliser. D’autant que l’appropriation prend du temps, ce qui n’est pas rémunéré. En plus, il faut pratiquer régulièrement pour maitriser. En BIM, le niveau de rendu du projet est supérieur à ce qui relève d’une mission de base en loi MOP, ce qui est pour l’heure insuffisamment rémunéré. Enfin, les acteurs doivent remettre en cause leur fonctionnement traditionnel : le passage au BIM constitue une révolution culturelle ! C’est pourquoi certains hésitent à se lancer tant que ce n’est pas obligatoire. Aujourd’hui, à peine 20% des projets se font en BIM. Pourtant, je suis convaincu qu’à terme tout le monde sera gagnant, si le travail est rémunéré à sa juste valeur et si chacun met son travail au bénéfice de la production « collective ».
Quels sont in fine les bénéfices du BIM selon vous ?
Le BIM change tout dans le résultat final, car il y plus d’exigences à toutes les étapes de la production. L’outil BIM, complété par la démarche collaborative qui y est liée, garantit un système plus fiable et plus efficace, avec des points d’étape très exigeants qui obligent tous les acteurs à travailler en symbiose. Certes un projet en BIM est plus coûteux et plus long – entre 15 à 20% de temps en plus - mais le résultat est plus qualitatif. Les premières expériences s’apparentent à un travail « galère » pour progressivement se rapprocher d’un niveau de performance de type industriel.