La performance thermique à l’honneur du REX BIM Tour
Même à distance, le REX BIM Tour continue : la deuxième « étape » francilienne de cette aventure lancée par la Fédération Cinov en 2018 a eu lieu jeudi 25 mars, sur zoom. Au programme : un retour d’expérience sur un petit projet de réhabilitation-extension, aux grandes ambitions énergétiques.2021Ile-de-FranceREX
Petit pavillon situé en région parisienne, la Villa Ledoux a fait l’objet d’une opération de rénovation-extension « nouvelle génération ». « Labellisée passif EnerPHit, la réhabilitation thermique que nous avons menée doit permettre de maintenir les consommations annuelles en dessous du seuil de 20 KWh par m2 pour la partie réhabilitée », a d’emblée annoncé Laurence Bonnevie, architecte en charge du projet. Fondatrice de l’agence No Man’s Land, cette dernière a pour marque de fabrique son engagement en faveur de la sobriété énergétique et de l’utilisation de matériaux bas carbone. C’est ainsi que l’isolation de l’extension de la Villa Ledoux a été réalisée en paille. En outre, Laurence Bonnevie s’est lancée corps et âme depuis plusieurs années dans le BIM : d’acquisition de logiciels en formations, généralistes puis ciblées, l’architecte est devenue une ambassadrice du BIM, y compris - voire avant tout - sur de petits projets. La qualité du projet Ledoux lui a valu de recevoir le BIM d’Argent 2020.
Un écosystème 100% BIM
Du scanner 3D pour reproduire par un nuage de points le bâtiment existant dans son environnement aux logiciels de modélisation en 3D des flux de ventilation, en passant par des outils intégrés de calculs thermiques, Laurence Bonnevie réussit le tour de force de mener en interne de nombreuses missions BIM, adaptées aux besoins spécifiques de chacun de ses projets. Avec, cerise sur le gâteau, la possibilité que tous les participants interviennent en même temps sur la maquette numérique, selon le principe du BIM niveau 3. « Nous avions déjà des outils collaboratifs performants, mais le Covid nous a propulsés à un stade supplémentaire, témoigne l’architecte. Nous avons basculé en 2020 sur BIM 360 DESIGN, qui nous permet vraiment de travailler ensemble, sans avoir recours à aucun export. »
Ponts thermiques traqués
Même les équipes de la start-up NUMFEM ont travaillé directement sur la maquette, via l’outil qu’elles ont développé, un plug-in dédié à la simulation thermique du bâtiment et des ponts thermiques. « Avec l’amélioration des matériaux et la plus grande efficacité de l’enveloppe du bâtiment, des ponts thermiques apparaissent, a expliqué Hamid Badi, co-fondateur de NUMFEM, ils peuvent représenter jusqu’à 30% de perte de chaleur ». Pour les révéler, la start-up a développé un outil d’aide à la conception thermique qui s’intègre à l’environnement de modélisation BIM. Concrètement, il n’est plus nécessaire de reprendre toutes les côtes du bâtiment et de ses équipements pour repérer et calculer l’intensité et le sens des flux de chaleur, les calculs de déperdition se font en un clic, à partir des données de conception déjà entrées dans la maquette BIM. La représentation des maillons faibles du système thermique se pare alors de toute une gamme de couleurs très visuelle. « Cet outil ne nécessite pas d’import-export, a insisté le mathématicien. Il a par ailleurs pour avantage d’être compatible avec le travail itératif propre à la conception architecturale. » L’efficacité du dispositif ne dépend finalement que de la fiabilité des données renseignées initialement dans la maquette.
Quelles contraintes ?
« Le travail de l’architecte doit être très précis, a souligné Laurence Bonnevie. Si la modélisation est fausse, les calculs de ponts thermiques, pourtant indispensables dans une construction passive, le seront aussi. » D’une manière générale, pour réussir en BIM, il faut, de l’avis de l’architecte, une méthode rationnelle et une organisation rigoureuse de la part de tous les acteurs, notamment pour bien traiter la donnée, les gabarits et les familles d’objets. D’où l’importance de rédiger une Charte de cadrage des attentes et des exigences. De l’acquisition des logiciels au financement des formations, « le passage au BIM c’est un sacré budget, a reconnu en conclusion Laurence Bonnevie, surtout pour un petit projet, mais je ne lâcherai jamais mon scanner 3D pour reprendre le mètre ! » Plus lourd à supporter pour un projet au budget limité, c’est aussi là que le BIM y est le plus nécessaire, pour gagner en efficacité. D’une toute autre ampleur, le REX qui sera présenté lors de la prochaine étape du REX BIM Zoom, reviendra sur les usages du BIM en matière de performance et de modélisation énergétique. Rendez-vous jeudi 1er avril à 18h.