Le BIM, vecteur d’un nouvel écosystème de professionnels ?
La 8ème édition du REX BIM Tour a fait escale à Nantes, hier, mardi 13 octobre. L’occasion pour la Fédération Cinov de réunir non seulement les acteurs classiques du bâtiment - architectes, bureaux d’études, maîtres d’ouvrages - mais aussi, pour la première fois, des start-ups très innovantes. De quoi créer de nouveaux liens professionnels pour assurer montée en compétences et créativité.NantesExploitation
Utilisé par le Conseil régional des Pays de la Loire pour mieux connaître son patrimoine de 115 lycées, par des bureaux d’études pour mieux anticiper l’organisation des chantiers de construction ou encore par des chefs de chantier pour des commandes plus fiables de matériaux, les exemples d’utilisation du BIM, présentés à Nantes – et en direct sur Youtube – ont illustré la diversité des usages de la maquette numérique et des données qu’elle agrège.
Si ce REX BIM Tour, comme ses prédécesseurs, a ainsi permis de valoriser les bénéfices de la « BIM révolution », il a aussi tracé des pistes de progrès, pour que tous les acteurs du secteur soient en capacité d’exploiter pleinement le BIM. Car le BIM n’est pas seulement un outil technique, il peut donner naissance au « jumeau numérique d’un bâtiment », comme l’a appelé Emmanuel Di Giacomo, d’Autodesk. Plus qu’un dispositif, c’est un processus collaboratif, itératif et prospectif dont on ne mesure sans doute pas encore toutes les déclinaisons.
Au chapitre des bénéfices immédiats, retenons, pour commencer, le témoignage de Pierre David, BIM Manager chez TETRARC Architecture, sorti convaincu de sa première expérience BIM, dans le cadre de la construction du conservatoire de Rennes : « Plus jamais je ne travaillerai comme avant ! Avec le BIM, on a davantage de temps pour faire de l’architecture. » A condition, cependant, d’en maîtriser tous les rouages. « Le BIM n’est pas inné, a souligné Rami Chetoui, BIM Manager chez CUB Architecture. Il y a une phase d’acculturation nécessaire. »
Ce qui exige davantage de formation, avec sans doute de « nouvelles modalités pédagogiques », comme l’a reconnu Laurent Bompas, conseiller formation chez OPCO ATLAS Grand Ouest : « Nous devons faire évoluer nos offres, avec des temps d’apprentissage sur des situations réelles de travail. » Les cas concrets, comme en présentent les REX BIM Tour depuis 2018, sont bien mieux adaptés en effet à l’exploration des fonctionnalités du BIM qu’un cours théorique old fashion. Cette prise de conscience explique d’ailleurs le fort besoin d’accompagnement au BIM, au-delà des cursus traditionnels de formation, initiale ou continue.
A cet égard, la présentation du BIM comme « une démarche de projet inclusive » s’est révélée très intéressante : Thibault Bourdel, directeur opérationnel chez BIMtech a pu expliquer comment son bureau d’études travaille pour « cartographier les compétences BIM de chaque partenaire d’un même projet, afin d’adapter les moyens mobilisés aux différents acteurs et aider ainsi à une collaboration optimale. »
Car au chapitre des progrès attendus, plus encore que la formation, c’est l’émulation qui s’impose. « Collaboratif par nature, le secteur du bâtiment dispose avec le BIM d’un outil pour aller plus loin dans le rapprochement des professionnels, a affirmé Pierre-Yves Legrand, directeur de NOVABUILD. Si la maquette BIM crée du lien, elle a aussi besoin de liens pour se faire. » Y compris entre des secteurs qui n’ont pas forcément l’habitude de coopérer.
En invitant des start-ups à la table du REX BIM Tour, la Fédération Cinov a pleinement joué ce jeu de créateur de liens et de passerelles, au sein du BTP et au-delà de ses frontières, entre les promoteurs du bâtiment intelligent et ceux de la ville intelligente, grâce et au profit du BIM.
Création de maquettes BIM en un clic sur « Ipad pro » ou utilisation de la réalité augmentée pour transposer la maquette numérique sur un chantier, les présentations qui ont été faites, en dernière partie de journée, ont délibérément ouvert une fenêtre sur la diversité et l’étendue des solutions numériques actuelles, sur leur facilité d’utilisation et leurs retombées concrètes et immédiates.
Appliquées au secteur du bâtiment en général, à celui de la rénovation en particulier, les innovations présentées par les start-ups BIEMO, Bloc In Bloc et EEGLE ont enfin fait la démonstration de l’efficience écologique du BIM, quand il sera mis au service de la performance thermique et climatique. En phase avec les priorités du plan de relance gouvernemental, cet horizon semble à portée de main.