Initié en 2018, le REX BIM Tour de la Fédération Cinov entame sa quatrième année de table-rondes et de partages d’expérience autour du BIM, Building Information Modeling. Comme en 2020, l’initiative s’adapte au contexte sanitaire, avec de premiers rendez-vous en visio-conférence, en mars et avril. Et pour lancer l’année, un REX hospitalier, de circonstance, a eu lieu jeudi 18 mars sur Zoom. 2021Ile-de-FranceREX
Depuis presqu’un an, l’hôpital Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne) dispose d’un nouveau bâtiment de sept étages, abritant 21 blocs opératoires et 80 chambres. Sa livraison, initialement prévue pour septembre 2020, a pu être avancée au 6 avril pour accueillir des malades de la Covid-19. Comment l’équipe aux commandes a-t-elle pu accomplir cet exploit ? Le recours au BIM y est peut-être pour quelque chose…
Pourquoi le BIM ?
Intégré par le mandataire, Rabot Dutilleul, dès la réponse à l’appel d’offre en conception-réalisation, l’usage du BIM s’est ici révélé indispensable. Pour assurer, tout d’abord, « une visualisation directe, communicante et pédagogique du projet », comme l’a résumé Benoît Gehin, dirigeant du bureau d’études Faseo, spécialisé en électricité. Mais aussi pour composer avec les contraintes propres au chantier : « Le plan local d’urbanisme limitant la hauteur sous plafond, a poursuivi le professionnel, il a fallu faire passer une impressionnante quantité de câbles - électriques, de ventilation, de fluides médicaux… - dans des espaces étroits. »
En quoi la maquette BIM a-t-elle constitué une réponse efficace ?« Chaque acteur avançait sur sa maquette numérique, a expliqué Rémi Orven, ingénieur projet chez Faseo. Puis chaque semaine, chacun déposait sa maquette mise à jour sur une plateforme, avant la réunion de synthèse. » « La synthèse numérique nous a permis d’avancer beaucoup plus vite qu’avec une synthèse papier, a considéré Éric Moysan, chef de groupe chez SATELEC, l’entreprise chargée des lots courants fort et faible. On a une vision immédiate des clashs, si bien qu’on trouve une solution en réunion de synthèse et qu’on n’a plus de problème en phase chantier. »
Quels outils mobiliser ?
Pour mener à bien ce projet, les intervenants ont utilisé REVIT, comme logiciel de base, et CANECO, pour aborder les aspects électriques plus spécifiques. « Il n’est pas nécessaire de prendre en complément des logiciels métiers, a tenu à préciser Benoît Gehin. Il faut même parfois l’éviter, car certains outils sont complexes et peuvent être un frein ; alors qu’en grattant dans REVIT, on trouve tout ce dont on a besoin. » Le fait que tous les acteurs de l’opération aient choisi la solution REVIT leur a, en outre, évité des problèmes d’interopérabilité et de conversion de fichiers, ce qu’ils ont tous salué.
D’une manière générale, le succès du BIM sur ce projet tient au fait que les différentes équipes disposaient du même niveau de maturité numérique, qu’elles utilisaient les mêmes outils et qu’elles ont toutes fait preuve de bonne volonté. « Il y a eu une cohésion forte, s’est ainsi réjoui Benoît Gehin. Ça a garanti la bonne conception de la maquette. » « Et tout le monde maîtrisait le BIM, a insisté Éric Moysan, ce qui est indispensable car, autrement, c’est la galère ! »
Donner du sens
Le niveau de maturité et la cohésion de groupe sont en effet des facteurs de réussite, identifiés à chaque étape du REX BIM Tour : « Les problèmes rencontrés ne sont pas tant liés aux outils techniques, avait d’ailleurs prévenu Julien Mercier, Vice-Président Prospective&Innovation de la Fédération Cinov, en ouverture de la séance. L’essentiel est plutôt de savoir gérer les problématiques humaines, de former ses équipes et de savoir impulser des dynamiques collaboratives. »
Décortiqués au fil des 30 retours d’expérience proposés par le REX BIM Tour depuis 2018, ces enjeux sont en passe d’être maîtrisés par les acteurs du bâtiment qui ont franchi le pas du BIM. Mais reste encore, selon Julien Mercier, à travailler la question des usages : « Maintenant qu’on réussit à créer des maquettes numériques, il faut plancher plus précisément sur les usages qu’on va déployer à partir des données recueillies et structurées », a noté l’animateur du GT BIM.
Quels usages, justement, pour le groupe hospitalier Henri-Mondor ? Est-ce que la maquette numérique transmise au maître d’ouvrage sera utilisée à termes ? « Une fois que les exploitants auront pris possession des locaux, ils ne s’en serviront plus, a regretté Éric Moysan. La maquette que nous avons rendue ne sera pas intégrée au logiciel de GMAO et ne sera pas mise à jour au-fur-et-à mesure des futurs travaux, parce que les gens n’y sont pas formés. »
Nerf de la guerre, la question de la formation, en lien avec les usages, sera très certainement présente lors des prochaines étapes du REX BIM Tour.
Prochain rendez-vous sur zoom jeudi 25 mars et 1er avril 2021 à 18h00 pour la fin de l’étape Ile-de-France.