Après une première étape à Nancy fin 2018, le REX BIM Tour a fait escale le 13 mai à Lyon. Une centaine de personnes ont participé à cet événement, organisé par la Fédération Cinov pour décrypter les enjeux du BIM de la conception à l’exploitation-maintenance des bâtiments et sensibiliser les TPE et PME en région Retour sur les moments phares de la journée. InteropérabilitéSolutions-LogicielsFormation
Gadget ou outil indispensable pour les acteurs de la construction ? Effet de mode ou tournant stratégique ? Que faut-il penser du BIM ? A qui s’adresse-t-il ? Quel chemin prendre pour s’y mettre ? Comment surmonter ses craintes ?
Bien conscient de la multitude des questions soulevées par le BIM et de la diversité des approches possibles, La Fédération Cinov a souhaité démystifier le sujet : « Nous avons opté pour une démarche pragmatique, a souligné d’emblée Julien Mercier, vice-président en charge de la prospective et de l’innovation et animateur du groupe de travail sur le BIM et la transition numérique de la Fédération Cinov. Nous voulons que ceux qui se sont lancés dans le BIM expliquent ce qu’ils ont fait, parlent des difficultés rencontrées et présentent les leçons qu’ils ont tirées. » Face à un public composé de bureaux d’études, d’adhérents, d’architectes, de maîtres d’ouvrages, d’éditeurs de logiciels, de partenaires et d’étudiants, les différents acteurs de l’acte de construire ont donc partagé leur retour d’expérience (REX).
Le BIM à divers niveaux
L’entreprise générale Barel-Pelletier est ainsi venue expliquer comment et pourquoi elle avait fait le choix de concevoir et réaliser en BIM son nouveau siège social, prenant en charge la réalisation de nombreuses maquettes numériques 3D ; des spécialistes de l’ingénierie des structures ont présenté, de leur côté, leur travail pourconcevoir et exécuter en BIM le clos et le couvert des futures archives départementales de l’Isère ; le cabinet d’architectes Patriarche a, quant à lui, exposé les ambitions BIM du futur centre d’innovation et technologie Solvay de Saint-Fons dans le Rhône. Bien qu’à des étapes et sur des périmètres différents, ces trois REX ont fait émerger une attente commune vis-à-vis du BIM : celui-ci doit permettre « d’améliorer la qualité des ouvrages et diminuer les aléas de chantier », pour reprendre les termes de Julien Buguet, BIM Manager chez Barel-Pelletier.
L’humain au cœur du BIM
Ils ont aussi reconnu que le passage au BIM exige un réel effort d’adaptation et une volonté politique forte : « C’est toute une méthode de travail pour nos équipes qui doivent se réapproprier un logiciel », a confié Aurélie Geoffray, responsable production CETIS Structure, tandis que son partenaire sur le projet des archives de l’Isère, Jacques Dinguirard, directeur des opérations EXO BIM, parlait d’une « transition digitale sans précédent », qui exige la mobilisation de toute l’équipe. La question de la compatibilité des logiciels – appelée interopérabilité - et de l’importance de parler un même langage s’est également imposée : « On est obligé de se demander comment optimiser nos échanges alors que tous les acteurs n’utilisent pas les mêmes outils », a résumé Clément Bonnet, BIM Manager chez Patriarche. Tous les intervenants se sont, enfin, mis d’accord sur le fait qu’aussi technique soit le BIM, la relation humaine reste la clef de sa réussite.
Les enjeux de formation
Après ces REX qui ont suscité beaucoup de questions dans la salle, une table ronde a permis d’affiner la définition du BIM – appréhendé comme un processus collaboratif de travail, autant que comme un outil de modélisation – et de revenir sur les problématiques de l’interopérabilité des logiciels. Sur ce sujet, nerf de la guerre, les débats se sont révélés d’autant plus intéressants que les représentants des trois principaux éditeurs de logiciels avaient accepté de participer aux échanges. Ils ont abordé les atouts et les limites du format IFC, qui doit permettre l’interopérabilité, mais qui réduit les possibilités d’intervenir sur un fichier ; ils ont reconnu la nécessité de travailler ensemble, y compris au niveau international ; ils ont en outre évoqué les enjeux de formation en matière de BIM.
Encore balbutiante, notamment dans les écoles d’architecture, la formation va devenir déterminante dans les années qui viennent pour que toutes les générations se familiarisent avec le BIM. Le REX BIM Tour, qui y contribue à son échelle[1, a déjà planifié d’autres dates de rencontres pour 2019 et 2020. Prochain rendez-vous à Aix-en-Provence, le 21 juin.
[1] une synthèse complète des rendez-vous 2019 du REX BIM Tour permettra à ceux qui n’ont pu y assister de connaître plus en détail les REX présentés et les sujets abordés lors des tables rondes.