Entreprise sociale pour l’habitat, Néolia s’est lancée
en 2017 dans la conception et la réalisation en BIM
d’un ensemble de 153 logements, à Besançon, dans le
quartiers des Montboucons. Malgré la présence d’acteurs
néophytes, cette première aventure BIM a été couronnée
de succès, grâce à la motivation et la cohésion de tous.
ZoomREX
Les outils du BIM mobilisés
Projet multi-facettes, comprenant des logements sociaux locatifs, des logements en accession sociale à la propriété et des terrains à bâtir, l’opération des Montboucons a aussi dû composer avec un terrain atypique, vaste et en pente. Si, initialement, le projet devait être conduit de façon « classique », la décision de le mener en BIM a été prise pour se donner les moyens de réaliser des bâtiments à forte performance énergétique et respecter les critères financiers et les délais de construction. Une convention BIM a été rédigée pour répartir les rôles et préciser les attendus de la modélisation ; une plateforme collaborative a été mise à la disposition des acteurs ; trois maquettes numériques (architecture, structure et fluides) ont été réalisées. Le recours de tous les acteurs au logiciel REVIT a été un facteur de réussite incontestable : « Tous ont pu travailler en format natif, sans avoir à utiliser d’IFC et sans rencontrer de problème d’interopérabilité », a souligné d’emblée Philippe Jacglin. Chef de projet chez Fibres-Energivie, ce dernier, qui a joué le rôle de BIM Manager auprès des équipes de Néolia, leur a tout de suite proposé d’utiliser une visionneuse de maquette, tout en les accompagnant dans l’apprentissage de son maniement.
Contraintes rencontrées et solutions apportées
Les inconvénients liés au décalage de maturité entre les acteurs du projet ont été assez facilement surmontés : à l’exception de l’économiste (en fin de carrière), tous les intervenants ont saisi l’opportunité de ce projet pour faire le grand saut dans le BIM. L’agence d’architecte qui n’avait aucune expérience BIM a commencé par travailler sur le projet de façon traditionnelle, puis « quand on a réalisé que des bâtiments pouvaient être répétés sur le site, de façon simple, on a estimé que le projet était idéal pour une première expérience en BIM, a confié François Scotto, architecte. Quatre personnes ont donc suivi des formations à partir de 2018. » Côté pratique, les architectes ont aussi dû s’équiper de nouveaux ordinateurs, avec double écran ; l’équipe a cependant rencontré des difficultés liées à la faiblesse de sa connexion Internet, ce qui a généré des pertes de temps au moment de l’échange des maquettes. L’accompagnement assuré par Fibres- Energivie s’est révélé très précieux : « On a organisé les réunions de synthèse BIM avec la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’oeuvre pour expliquer les problèmes, a donné pour exemple Philippe Jacglin. On a aussi proposé une assistance auprès des équipes sur la modélisation REVIT, à différentes étapes. » Résultat, il y a eu très peu de problèmes sur les maquettes.
Quels bénéfices au final ?
Côté maître d’ouvrage, les bénéfices sont à la fois immédiats et de long terme : « Les maquettes nous permettent d’extraire des métrés précis pour les entreprises et les sous-traitants qui interviennent sur notre patrimoine locatif, a assuré Aymeric Bugnot. C’est un atout pour la maintenance future. » Néolia qui vient de lancer son premier appel d’offre full BIM prévoit de nouvelles formations pour ses personnels en 2021, pour poursuivre leur montée en compétences. Un enthousiasme qui n’est pas encore généralisé, a cependant tempéré Philippe Jacglin : « Aujourd’hui la filière n’est pas encore prête, ni en neuf ni en réhabilitation, peu d’entreprises sont capables de répondre aux appels d’offre en BIM. Quand on travaille en corps d’état séparés, ce n’est pas évident de trouver des entreprises capables de mettre à jour la maquette. Cela justifie le travail d’accompagnement que nous menons. » « Comme bilan, je dirais que c’est une approche vraiment différente du rôle de l’architecte, juge de son côté François Scotto. Je suis convaincu par l’intérêt du BIM pour les phases APD et PRO ; pour la conception, je suis plus mitigé : je ne me sens pas capable de concevoir à partir du BIM »
Les + et les –
du BIM pour ce projet
LES +
Une bonne prise en compte du projet dans toute sa complexité
+ Le respect du cahier des charges en matière de performance
énergétique
+ La récurrence et la qualité des échanges au sein de la maîtrise
d’oeuvre aux différentes phases du projet
+ La prévention des clashs en phase chantier
+ Les perspectives d’exploitation de la maquette en phase gestion
LES -
- Nécessité de disposer d’une connexion Internet performante
- Les besoins de formation
- Les limites du BIM en phase conception architecturale
UNE QUESTION DE LA SALLE
Le groupe Action Logement auquel appartient Neolia impose-t-il
le respect d’une convention BIM spécifique ?
Si un groupe de travail s’est mis en place à l’échelle d’Action Logement, pour
définir une charte commune et un cahier des charges qui pourrait servir
de base aux projets locaux, a expliqué Aymeric Bugnot, nous adaptons nos
projets et notre organisation à nos contraintes locales, en toute liberté.