Le bailleur social Habitation Moderne s’est lancé en
2017 dans une première opération en BIM : construire
dans le quartier des Poteries, à Strasbourg, un bâtiment
mixte, résidentiel et tertiaire. Depuis, le bailleur a tiré les
leçons de cette expérimentation, livrée en 2019, pour
élargir le recours au BIM à la gestion, l’exploitation et la
maintenance de son patrimoine.
REXZoom
Les outils du BIM mobilisés
Ambitieuse, cette première opération en BIM a été lancée à titre expérimental, « une opération martyre », pour reprendre le terme employé par Antoine Cavelier, chargé d’opérations techniques et responsable BIM chez Habitation Moderne. Chez le bailleur social, comme au sein de la maîtrise d’oeuvre, les connaissances et les compétences en BIM étaient succinctes et parcellaires. La concision du cahier des charges en témoigne, d’ailleurs. « Le seul impératif que nous y avions indiqué était d’avoir recours au format IFC, s’est souvenu Antoine Cavelier. Mais notre maquette IFC est restée très artisanale, pas du tout optimisée. » Au commencement de l’opération, si la maîtrise d’ouvrage s’est fixée des objectifs, ces derniers étaient assez modestes : « Nous voulions utiliser le BIM en conception, a résumé le responsable BIM, voire en chantier, si cela était possible, pour respecter nos délais serrés ; mais nous n’avions pas de vision au-delà… il n’était pas question, alors de l’utiliser en phase exploitation. »
Contraintes rencontrées et solutions apportées
Le faible niveau de définition du cahier des charges n’a, tout d’abord, pas permis que la maquette soit exploitable par tous les partenaires. Les disparités de maturité BIM des acteurs impliqués ont ensuite constitué des freins au bon déroulement du projet, notamment pour passer de la conception à l’exécution. « Nous n’avons pas réussi à faire cette transition, a avoué Antoine Cavelier. Nous avons dû revenir à une démarche classique, sur laquelle nous étions plus à l’aise ». C’est à ce moment-là que le maître d’ouvrage a sollicité le bureau d’études CTRL BIM, qui a intégré l’équipe de maîtrise d’oeuvre : « Nous avons dû aider la maîtrise d’ouvrage à préciser, lot par lot et phase par phase, ses besoins, a indiqué Alain Buraglio. C’est un travail de paramétrage indispensable. » C’est enfin la dimension collaborative qui n’a pas été à la hauteur des promesses du BIM : « Nous n’avions pas assez anticipé le travail en collaboration, a estimé Antoine Cavelier. Chacun a encore travaillé en silo ».
Quels bénéfices au final ?
« Le bilan montre une plus ou moins grande atteinte de nos objectifs, a noté Antoine Cavelier. Nous avons livré dans les temps, mais nous devons progresser sur de nombreux aspects. Depuis la fin de cette opération martyr, en 2019, nous nous sommes donc organisés pour mieux faire. Nous avons lancé un audit pour la mise en place d’une stratégie globale BIM au sein d’Habitation moderne. L’ambition est de monter petit à petit en compétence et d’aller vers l’utilisation du BIM en exploitation. » Formation du référent BIM et des référents métiers, communication régulière en interne sur le BIM, rédaction de la charte BIM du bailleur social et des process métiers qui y sont liés, acquisition d’outils informatiques adaptés, intégration de la démarche BIM au sein de la stratégie digitale de l’entreprise, de nombreux chantiers ont été menés. Y compris pour accompagner les partenaires locaux du bailleur : « Nous n’obligeons pas nos prestataires à avoir un expérience BIM, a souligné le chargé d’opération, en revanche quand ils n’ont pas d’expérience, on leur demande d’avoir un plan de formation, ce que nous n’avions pas fait au démarrage de notre premier projet. »
Les + et les –
du BIM pour ce projet
LES +
+ La visualisation des logements et la possibilité de repérer certains clashs avant le chantier
+ L'utilisation de la maquette en phase conception
+ Le respect de livraison de l’opération
LES -
- Manque de définition des besoins de la part du maître d’ouvrage
- Manque de formation des acteurs
- Incapacité à livrer une maquette BIM en phase exécution
UNE QUESTION DE LA SALLE
Quelle différence faites-vous entre la maquette DOE à la maquette GEM (gestion-exploitation-maintenance) ?
Une maquette GEM n’a pas besoin d’avoir le même niveau de détail que la maquette DOE, a expliqué Antoine Cavelier. En revanche, elle doit faire l’objet de mises à jour régulières. Cela suppose de réfléchir au périmètre des données retenues et à des méthodes de mises à jour adoptées.