La nouvelle unité territoriale de Ronchin accueillera les Archives des communes de la Métropole Européenne de Lille (MEL), ainsi que des bureaux, l’atelier de la régie de l’eau, et un bâtiment dédié à l’imprimerie et à la reprographie. Conduite par la MEL, cette opération de réaménagement est ambitieuse en matière énergétique. Débutés en août 2021, les travaux doivent s’achever en octobre 2022.REXLille
Les outils du BIM mobilisés
Conformément au principe du marché global de performance, le futur exploitant de l’Unité territoriale de Ronchin a été associé au projet de reconfiguration, dès la phase de conception. C’est à lui que reviendra par la suite la mission d’exploitation/maintenance du site pendant six années. Le maître d’ouvrage ayant placé cette opération sous le signe de l’exigence environnementale et énergétique, une attention particulière a été portée à l’exemplarité des constructions (matériaux biosourcés), aux labellisations énergétiques et au développement des énergies renouvelables sur le site.
Pour mener à bien ce projet d’envergure, le maître d’ouvrage a opté pour le BIM en conception et en réalisation, avec la fourniture de maquettes numériques pour l’exploitation. « Nous étions à un niveau de maturité très bas en BIM, a confié Virginie Dupont, chargée d’opération patrimoine à la MEL. Nous nous posions beaucoup de questions au moment de la programmation, en 2018. Nous avons souhaité avoir recours au BIM pour s’assurer que le projet répondrait à nos objectifs en matière énergétique. »
Contraintes rencontrées et solutions apportées
Si la lisibilité apportée par les outils BIM a été vantée par le maître d’ouvrage, les AMO BIM ont en revanche souligné la lourdeur de la gestion des processus. « Il a fallu compenser les disparités de maturité entre les acteurs, notamment pour contrôler l’évolution des maquettes d’exécution et préparer le DOE BIM, dont feront usage les exploitants », a indiqué Dominique Payelleville, BIM Model Manager et BIM Facilitateur.
Cette disparité impose de faire preuve de pragmatisme et de « ne pas viser trop haut, de se fixer des objectifs en fonction du projet et de la maturité des acteurs », a estimé, de son côté, Corentin Meunier, consultant BIM et CIM, chez BIM in Motion, l’AMO qui a accompagné la MEL. Le maitre d’ouvrage devra également, à l’avenir, être plus précis et directif, dans ses cahiers des charges BIM, concernant la forme et le contenu des données attendues. Pour tirer pleinement profit du BIM, tous les intervenants présents à la tribune ont souligné, à l’instar d’Antoine Toulotte, qu’ « il faut que le maître d’ouvrage définisse précisément ses besoins et ses attendus à chaque phase de conception. »
Quels bénéfices au final ?
Le BIM a permis ici de vérifier la conformité de conception (stationnement, surfaces utiles, équipements), la qualité technique des produits d’équipement et le potentiel environnemental des installations énergétiques (transmittance, matériaux biosourcés, équivalent CO2, panneaux solaires). A terme, c’est aussi un gage de qualité pour l’exploitation/maintenance qui est espéré, au niveau de la gestion des espaces extérieurs, des déchets, des accès... Concrètement, en phase conception, un certain nombre de cas d’usage ont pu être traités grâce à la visualisation offerte par la maquette. « Un tableau de bord recensait le nombre de places de stationnement, les matériaux biosourcés, les surfaces végétalisées, la superficie du local déchets », a cité Corentin Meunier. « La mise en place de ce travail interactif, dès la phase concours, entre tous les acteurs offre de la lisibilité au maître d’ouvrage, a conclu Virginie Dupont. Nous avons constaté une maturité dans les échanges, qui a constitué pour nous un vrai attrait. Ensuite pour entrer dans la technicité pure, nous avons fait le choix d’avoir des AMO qui nous ont accompagnés dans l’analyse des maquettes. »
Les + et les –
du BIM pour ce projet
LES ++ la présence indispensable d’un BIM Manager pour faire le lien entre l’AMO-BIM, la MOE et les entreprises + l’aide à la compréhension des zones techniques du projet + la synthèse entre structure et lots techniques + l’anticipation des contraintes liées à la future maintenabilité de l’ouvrage LES -- la difficulté à estimer les coûts sur la base des maquettes numériques - des soucis de géoréférencement IFC et de géolocalisation intra-REVIT - un manque de rigueur dans la saisie des renseignements demandés dans la maquette - des blocages liés à la diversité des logiciels utilisés - les écarts de maturité entre les acteurs
Les acteurs du projet
La direction patrimoine et sécurité de la MEL assure la maîtrise d’ouvrage de l’opération, elle est assistée dans cette mission par le Groupement Verdi Conseil, BIM in MOTION, Archi Graphique et Artelia Bâtiment et industrie. Côté entreprise, SOGEA CARONI est mandataire du groupement constitué pour répondre au marché de performance globale, dans lequel figure également le cabinet d’architecte BOYELDIEU DEHAENE, le constructeur bois ARBONIS, le bureau d’études POJEX et DIAGOBAT et l’exploitant ENGIE AXIMA.
44 000 m2 de surface totale du site, dont 12 630 m2 de surface foncière disponible
41,06 M € TTCde coût de l’opération
Le BIM Manager a encore sa raison d’être, voire même un rôle indispensable dans des projets qui rassemblent des acteurs qui n’en sont pas au même stade de maturité en BIM
Dominique Payelleville, BIM Model Manager et BIM Facilitateur, Archi Graphique
Nous avons parfois été trop gourmands dans les indicateurs que nous avions prévus, ce qui a pu entraîner des difficultés de structuration des maquettes
Corentin Meunier, Consultant BIM et CIM, BIM in Motion