Novice en la matière, Nexity, maître d’ouvrage de
l’opération, a fait appel à une équipe de maîtrise
d’oeuvre rompue au BIM pour construire un ensemble
de 555 logements au sein de l’éco quartier des Docks,
à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis. Un projet XXL, de
surcroît très ambitieux sur le plan énergétique.
REXIle-de-France
Les outils du BIM
La taille du projet, la diversité et l’imbrication des typologies d’usages (différents types de logements, commerces, parking), ainsi que les nombreux objectifs environnementaux de l’opération ont justifié le recours au BIM. « Si le bâtiment doit se conformer à la RT 2012, a donné pour exemple Julien Garnier, directeur de Cardonnel Ingénierie, l’aménageur de l’éco quartier impose une enveloppe bioclimatique qui relève plutôt de la RE2020. » Sans compter les enjeux de réduction du carbone produit par le projet, de cycle de vie des matériaux ou encore l’évaluation de la quantité de matériaux biosourcés... Pour relever ces différents défis, les acteurs du projet ont utilisé le logiciel REVIT, ainsi que différents outils de modélisation, tels que Autodesk Navisworks et BIM COLLAB pour la pré synthèse ; et RHINOCEROS pour la modélisation paysagère en coeur d’îlot. Pour le partage des informations, c’est la plateforme KROQI qui a servi de « boite à plans ». Des logiciels tels que Pleiades ou Eliodon ont, quant à eux, été utilisés pour optimiser la performance énergétique des bâtiments, afin, par exemple, de prendre en compte l’épaisseur des planchers, l’ensoleillement des façades ou encore l’inertie des matériaux : « En fonction de la ventilation et/ou du degré d’occultation de la lumière, on simule différentes combinaisons pour vérifier que les objectifs thermiques fixés par l’aménageur seront atteints », a justifié Julien Garnier.
Contraintes rencontrées et solutions apportées
Pour composer avec un projet d’une telle ampleur, la solution trouvée a consisté à découper la maquette générale en 12 maquettes de maîtrise d’oeuvre et en 27 maquettes techniques : « Heureusement, nous avons travaillé avec le même logiciel, REVIT, ce qui a simplifié les choses », a rassuré Jean-Frédérick LOKO, architecte et coordinateur BIM chez Arte Charpentier Architectures. Malgré cet outil socle, les parties prenantes ont été confrontées à des problématiques d’export : « Les architectes ne modélisent pas forcément en pensant aux besoins qu’on a derrière, a regretté Julien Garnier. Il faut que la charte BIM et que le rôle du BIM Manager soient mieux définis pour obtenir un consensus. » Autre contrainte, souvent exposée lors des différentes étapes du REX BIM Tour, les freins à la conduite du changement : « Face aux problèmes d’import-export et de format de fichier, qui sont du ressort d’informaticiens, a remarqué Julien Garnier, il a fallu prendre le bâton de pèlerin pour convaincre les équipes des bienfaits du BIM. »
Quels bénéfices au final ?
« Le BIM s’est révélé comme une aide aux études, un levier d’anticipation des surcoûts et une façon de sécuriser l’opération avec des livrables cohérents », a conclu Vivian Cloez, architecte chez Arte Charpentier Architectures. « Une fois qu’on a réussi à faire nos exports, il est sûr que face à 32 000 m2 de surface plancher, on a gagné du temps pour le calcul des simulations thermiques », a reconnu, de son côté, Julien Garnier. Mes équipes sont maintenant convaincues que le BIM leur évite des opérations idiotes et fastidieuses. » Si l’agence d’architecture a dû mobiliser une équipe importante, au démarrage du projet, « une fois la modélisation faite, on a pu travailler à deux, seulement, en phase PRO, s’est réjouie Vivian Cloez, ce qui nous a permis d’optimiser les ressources et les moyens humains et d’avoir une meilleure maîtrise du projet. » Gain de temps, qualité du projet, opportunité de former les équipes... les avantages du BIM apparaissent nombreux aux yeux des participants.
Les + et les –
du BIM pour ce projet
LES +
+ Le recours à de nombreux outils BIM pour améliorer la stratégie
d’efficacité thermique du bâtiment
+ Gain de temps et de qualité pour le projet
+ Anticipation des clashs et des surcoûts
+ Performance énergétique décuplée
LES -
_ Manque de dialogue au débit pour définir les objectifs de chacun
_ Perte de temps au départ pour former les gens
_ Définition pas assez stricte du rôle du BIM Manager
UNE QUESTION DE LA SALLE
Qu’en est-il en termes de la rentabilité entre un projet « bimé »
et « non bimé » ?
Si elle n’a pas été évaluée à ce stade par l’agence d’architecture,
la rentabilité est à chercher du côté des « gains de temps
énormes », salués par Jean-Frédérick Loko, des gains qui
expliquent, selon lui que « les équipes passées au BIM ne
veulent pas revenir en arrière ». Pour l’analyse du cycle de vie
des matériaux, les outils BIM effectuent cinq fois plus vite les
calculs que le travail manuel a donné, quant à lui, pour exemple
Julien Garnier, pour illustrer le gain de temps et donc d’argent
généré par le BIM.