Alors qu’en conception les pratiques évoluent, le BIM peine à s’imposer en phase
d’exécution et plus encore dans le temps long de l’exploitation-maintenance. Face à ce
constat, comment faire pour convaincre tous les acteurs des atouts du BIM à tous les
stades d’un projet de construction ?
DoleTable ronde
De la genèse à la définition d’un projet BIM
Représentants du Conseil départemental du Doubs et de Grand Besançon Métropole, les maîtres d’ouvrage présents au REX BIM Tour de Dole ont présenté leurs attentes vis-à-vis du BIM. Pragmatique, la Métropole, qui gère un patrimoine immobilier de 600 000 m², a très vite senti qu’il y avait une opportunité à se lancer dans le BIM, comme l’a expliqué Jean-Luc Leguay, directeur Architecture et Bâtiment à Grand Besançon Métropole : « Dans un monde où le bâtiment vit à l’heure du prototype, nous ne voulions pas rater le train de la modernité. » Par souci d’efficience, la Métropole a tout d’abord voulu uniformiser les outils de communication des équipes qui travaillent sur un même projet, depuis sa genèse jusqu’à son exploitation. Avec 160 sites à gérer – principalement des collèges - le Département du Doubs appréhende aussi le BIM de façon très empirique : « Nous avons commencé par cadrer nos besoins, avec toutes les directions concernées, a souligné Oubeid Aloui, chef de projet Système d’information patrimoniale au Conseil départemental du Doubs, pour être en mesure d’élaborer les bons référentiels, graphiques et numériques, pour se doter d’un outil qui réponde à nos attentes et qui fonctionne avec les outils déjà existants. » C’est dans ce contexte que les outils spécifiques du BIM – charte, cahier des charges, convention – trouvent tout leur sens, pour que le projet corresponde parfaitement à la commande.
Imposer ou accompagner ?
Dans les pays comme la Grande-Bretagne, qui rendent le BIM obligatoire à partir d’une certaine échelle de projet, son déploiement se fait-il plus rapidement ? « Ces pays font preuve d’une démarche très volontariste, a estimé Julien Mercier. Mais tout n’est pas non plus rose chez eux, car les gens n’évoluent pas tous au même rythme et personne ne peut faire l’économie d’un accompagnement au changement. Il faut absolument trouver le processus pour emmener tout le monde. » Clarté des exigences de la maîtrise d’ouvrage, coopération, dialogue et formations sont indispensables pour garantir le succès du BIM : « Nous avons de plus en plus de formations pointues, s’est réjoui Frédéric Larrive, directeur de l’IPTIC. Les nouvelles générations seront davantage capables de s’auto-former et d’accompagner le changement. » Essentielle, la formation soulève encore des difficultés, pour de nombreux corps de métier : « Les architectes ont l’obligation de se former, a rappelé Elie Bouche, mais on peine à trouver les formations pluridisciplinaires dont on a besoin, avec des maîtres d’ouvrage, des bureaux d’études... Alors qu’il est important de réunir dans la même salle des équipes complètes, pour donner envie à tous de se lancer. »
Que chacun y trouve son intérêt
En complément – et en complément seulement – de la charte, du cahier des charges et de la convention, la maquette BIM est aujourd’hui considérée à sa juste valeur : « J’ai commencé par croire que le BIM ce n’était que la maquette numérique, mais au fur-et-à-mesure de mes rencontres et des projets, j’ai compris l’importance du coopératif et de l’humain dans le BIM », a confié Elie Bouche. Architecte et gérant du cabinet d’architecture Atelier des Montaines, il s’est formé au BIM aux côtés du Rectorat de Besançon, avec des enseignants chercheurs et des professionnels qui lui ont fait la démonstration des atouts du BIM, dès lors que celui-ci s’inscrit dans une démarche et un programme cohérents et partagés. Une démonstration dont tous les acteurs de la construction n’ont pas encore eu la chance de bénéficier : « Beaucoup de maîtres d’oeuvre et d’entreprises n’ont pas encore trouvé leur place, a reconnu Julien Mercier, vice-président de la Fédération Cinov et dirigeant fondateur d’IM-PACT. Ils s’y mettent seulement parce qu’on leur a demandé, alors qu’il faut qu’ils y trouvent leur intérêt. Il y a une multitude d’usages à trouver, sans que le maître d’ouvrage l’ait demandé. »
Autour de la table
Ont participé à cette table-ronde, Oubeid
Aloui, chef de projet Système d’information
patrimoniale au Conseil départemental du
Doubs, Elie Bouche, architecte et gérant du
cabinet d’architecture Atelier des Montaines,
Frédéric Larrive, directeur de l’Institut de
Promotion de l’Ingénierie et du Conseil (IPTIC),
Jean-Luc Leguay, directeur Architecture et
Bâtiment à Grand Besançon Métropole et
Julien Mercier, dirigeant fondateur d’IM-PACT.