14 salles, 2081 fauteuils, des espaces d’accueil et de restauration : le complexe cinématographique Europacorp La Joliette, livré en mars 2019, a été réalisé de A à Z par l’entreprise GSE, en collaboration avec MAP architecture. La qualité de la méthode BIM utilisée en phases exécution et chantier est à la hauteur des technologies de projection 3D, 4DX et Screen X proposées aux spectateurs.
Aix-en-ProvenceREXBIM managementDataInteropérabilité
Les outils du BIM mobilisés
Le recours au BIM a commencé dès le dépôt du permis de construire, l’architecte ayant fourni dès cette étape des visuels en 3D. « Nous avons décidé de poursuivre avec cette méthodologie, annonce Marion Bernard BIM Manager, chez GSE, mais à partir de la phase d’exécution, nous avons récupéré la maquette pour la modéliser en interne », pour des raisons d’organisation générale et pour des problématiques d’interopérabilité. Alors que le permis de construire avait été fait avec ARCHICAD, la maquette « architecture et site » a ensuite été conçue sous REVIT. En phase d’exécution, quatre maquettes principales (architecture et site, CVC plomberie, gros œuvre, charpente métal) ont dû être assemblées les unes aux autres, selon les critères du BIM niveau 2 : « Chaque acteur faisait sa maquette sans modifier la générale, précise Marion Bernard. Et nous avons pu extraire des plans généralistes depuis la maquette générique. »
Contraintes rencontrées et solutions apportées
GSE a été confrontée à des entreprises qui n’avaient pas le même niveau de maturité en matière de BIM ; elle a également dû adapter sa méthode de synthèse pour intégrer les plans en 2D du lot électricité, car l’entreprise retenue ne faisait pas de 3D.
D’importants problèmes d’interopérabilité des fichiers se sont également posés : « Nous avions 4 à 5 logiciels différents pour faire vivre cette maquette, pointe la BIM Manager, nous ne savions jamais bien ce que les logiciels de départ pouvaient exporter en IFC. Nous avons constaté que des choses se perdaient en route. ».
Pour surmonter ces difficultés, les équipes de GSE ont créé des outils sur mesure : « Nous avons mis en place une plateforme d’échange en format natif et en format IFC, donne pour exemple Marion Bernard. Nous avons aussi créé des fiches pour rappeler à chacun de nos collaborateurs les informations à demander aux entreprises selon le logiciel qu’elles utilisent. » Marion Bernard a en outre insisté sur le fait que de plus en plus de logiciels mettent à disposition de leurs utilisateurs des ressources pédagogiques très utiles pour les faire fonctionner de façon optimale. Enfin, dernière limite constatée, cette fois-ci en phase chantier : « Quand la maquette est très avancée et détaillée, il devient difficile et long de la modifier, a témoigné Vincent Barranger, ingénieur affaires et pilote de chantier. Les modifications de gradins que nous avons dû faire nous ont demandé une journée et demie par salle pour tout remettre à jour. ».
Quels bénéfices au final ?
Les réunions hebdomadaires de chantier se sont faites avec la maquette ouverte, ce qui a constitué un vrai support de réunion et d’échange. Ce qui explique que beaucoup d’aménagements intérieurs du cinéma aient été décidés à partir d’extraction de visuels.
La visualisation en 3D a aussi permis de détecter des clashs importants : « On a tout de suite vu sur la maquette BIM que la gaine CVC butait sur une petite passerelle d’accès aux salles de régie, détaille le pilote du chantier. En deux secondes on a pu constater que la solution intuitive n’est pas bonne et nous avons trouvé un autre chemin. » L’entreprise GSE a profité de ce chantier pour faire des tests pour aller plus loin dans son appropriation du BIM : elle a par exemple expérimenté un suivi de chantier en réalité augmentée et développé une application pour que le maître d’ouvrage ait accès la maquette sur son téléphone.
Les + et les –
du BIM pour ce projet
LES +
+ La synthèse des différentes maquettes
+ La maquette BIM est un support de réunion de chantier très performant
+ La possibilité de détecter et corriger quasiment en temps réel un clash que des plans 2D n’auraient pas révélé si clairement
LES -
- Problèmes de compatibilité des formats de fichiers
- Des modifications trop nombreuses en phase avancée, qui font perdre du temps
- La difficulté d’intégrer des plans en 2D dans la synthèse
UNE QUESTION DE LA SALLE
À la question de savoir si la maquette BIM avait fait gagner du temps aux équipes, en phase exécution, Vincent Barranger a apporté une réponse nuancée : « Au début oui, car la maquette était en phase avec le chantier, puis elle a pris du retard à mesure que nous avons dû apporter des modifications Nous devons affiner notre méthodologie pour que la maquette suive mieux les demandes de modifications. »
Quant à la question de savoir s’il serait possible d’imposer dès le départ le même logiciel à tous les acteurs, Marion Bernard a considéré que ce n’était pas une bonne option car « il n’existe pas de logiciel universel qui fasse aussi bien les lots structures, électricité, CVC. »