Le conseil départemental des Alpes-Maritimes a décidé d’intégrer le BIM dans tous ses programmes neufs, dans un souci de respect des délais de réalisation et de qualité des bâtiments livrés. Il est venu présenter son projet de construction d’un centre d’exploitation routier à Antibes, pour lequel les exigences BIM du maître d’ouvrage ont été annoncées dès l’appel d’offre.
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Les outils du BIM mobilisés
Pour construire ce nouveau centre d’exploitation routier, composé de bureaux, d’une zone d’ateliers et d’espaces extérieurs dédiés au stockage et aux manœuvres, le département des Alpes-Maritimes a lancé en 2019 un concours de maîtrise d’œuvre dans le cadre duquel les candidats devaient fournir une maquette 3D. « Chaque candidat devait venir implanter sa maquette sur un socle commun, témoigne Benjamin Michel, cabinet Heams & Michel Architectes. Cela aide le jury à se les représenter et à faire son choix. » « Nous avions recruté un AMO BIM pour nous aider à rédiger les cahiers des charges puis vérifier les dossiers, note Chandrika Gal du conseil départemental des AlpesMaritimes. Nous avions demandé un BIM niveau 2 pour ce projet. » Au-delà de la maquette numérique, le maître d’ouvrage avait aussi affiché des exigences sur la composition des équipes : présence d’un BIM manager au sein du cabinet d’architecte, dans l’entreprise de gros œuvre et dans certaines entreprises. « Tous les corps d’état ne devaient pas forcément produire une maquette BIM, nuance Chandrika Gal, mais ils devaient fournir des éléments 2D, être acteur de la production de la maquette globale et être impliqués dans la démarche. » D’une manière générale c’est toute l’équipe projet autour du BIM qui a dû être étoffée : AMO BIM externe, maître d’œuvre pourvu d’un BIM Manager et des spécialistes du BIM parmi les acteurs du chantier.
Contraintes rencontrées et solutions apportées
Les problèmes d’interopérabilité entre logiciels ont freiné le projet : « Nous avons été confrontés à de grosses pertes de données, regrette Benjamin Michel. Cela nous a vampirisé nos réunions BIM. Et si, au final, nous avons réussi à trouver des solutions et à obtenir une maquette DCE convenable, c’est après avoir fait l’expérience de beaucoup de difficultés et de blocages entre les différentes personnes. » Le recours au BIM a également eu des impacts financiers importants, estimés à 4% du coût global du projet, « ce que nous n’avions pas anticipé » reconnait Chandrika Gal.
Quels bénéfices au final ?
La démarche a, tout d’abord, permis de repérer sur écran des collusions entre les réseaux et des poutres de structures : « Quand nous avons assemblé les maquettes des différents bureaux d’études, nous avons pu voir et éviter un clash que nous n’aurions pas vu à ce stade des études sans la maquette 3D. » Le processus a aussi permis d’associer les utilisateurs du futur centre d’exploitation routier : « Quand nous avons montré la maquette aux chauffeurs, les questions qu’ils nous ont posées nous ont permis d’optimiser la structure et de mieux adapter le projet à leurs besoins, insiste Chandrika Gal. Ils ont beaucoup mieux visualisé le projet avec la maquette que si on leur avait montré des plans. Pour moi, maître d’ouvrage, cette maquette numérique est un vrai plus ». D’une manière générale, c’est aussi la démarche collaborative qui est valorisée par les porteurs du projet : évolutive, la maquette numérique a exigé beaucoup d’échanges humains entre les protagonistes, tout au long des études.
Les + et les –
du BIM pour ce projet
LES +
+ Support d’aide à la décision pour le choix du projet
+ Coordination entre les différents métiers
+ Production de supports de communication de qualité (dont visite virtuelle)
+ Atout pour l’exploitation future
LES -
- Problèmes de compatibilité et d’interfaces entre les logiciels utilisés
- Niveaux de compétences BIM inégal entre les différents prestataires
- Investissement lourd en temps de formation
- Coût financier
UNE QUESTION DE LA SALLE
Quel logiciel conseillez-vous pour éviter les problèmes d’interopérabilité ?
Ce n’est pas une question de choix de logiciel, mais de capacité des acteurs qui vous accompagnent à trouver des solutions adaptées à votre projet. Ils trouveront ces solutions s’ils sont motivés, a estimé Chandrika Gal, l’essentiel est de bien choisir ses partenaires.