Face à l’augmentation du nombre d’enfants à scolariser, la Ville de Toulouse a lancé la construction de 10 nouvelles écoles, dont 5 qu’elle a décidé de mener en BIM. Le bilan dressé suite à la livraison du groupe scolaire Germain Tillion, à la rentrée 2019, étant positif, toutes les nouvelles écoles seront à l’avenir réalisées en BIM.
ToulouseREX
Les outils du BIM mobilisés
Pour la conception et la construction de cette nouvelle école, le maître d’ouvrage, le cabinet IDPROJECT Architecte et l’entreprise SOPREMA ont accepté d’expérimenter de nouveaux outils et méthodes, à travers la maquette numérique et le pilotage en BIM collaboratif. Chaque acteur avait ses raisons de se lancer dans l’aventure : « Nous en espérions une meilleure compréhension du projet par les membres du jury et une meilleure appropriation par les futurs utilisateurs, a analysé Émilie Tourret, BIM Manageuse à Toulouse Métropole. Nous espérons aussi que la maintenance ultérieure du bâtiment sera facilitée. » Pour la maîtrise d’œuvre, ce fut aussi « le grand saut », pour reprendre les termes de l’architecte Pierre Bonnard : « Nous l’avons fait pour mettre plus d’efficience dans notre démarche de conception et de construction, en vue d’une plus grande qualité. » L’utilisation du BIM en étant à ses débuts en Occitanie, au lancement de l’opération, Toulouse Métropole s’est rapprochée de la Fédération française du bâtiment (FFB) pour dresser avec elle un état des lieux de la maturité en BIM des entreprises locales.
Contraintes rencontrées et solutions apportées
Le faible déploiement du BIM dans la région est apparu comme la première contrainte à dépasser : « L’expérience des entreprises étant encore limitée, le recrutement s’est fait en fonction de la motivation des entreprises, a estimé Émilie Tourret. En outre, nous nous sommes beaucoup appuyés sur l’offre de formation de la FFB. » « La FFB nous a accompagnés pour faire face à tous les changements induits par l’acquisition de nouveaux outils informatiques et par le décloisonnement de l’ensemble des tâches, confirme Aude Choichillon, référente BIM chez SOPREMA. Nous n’avons pas eu d’autre choix que de nous former et de nous adapter, ce qui a parfois généré quelques conflits car il y a toujours des personnes réfractaires. » La capacité d’adaptation des entreprises a même permis d’élargir la maquette BIM à tous les acteurs et non pas seulement aux principaux lots comme prévu initialement. La contrainte du temps s’est enfin imposée à tous, exigeant de chacun d’importants efforts : « Le temps de la conception a été plus long, donne pour exemple Pierre Bonnard. Si bien que pour respecter la durée totale de l’opération, nous avons réduit de 15% la durée du chantier. »
Quels bénéfices au total ?
Côté entreprise, « grâce à la maquette numérique, la cohérence entre les différents documents est assurée et les erreurs de saisie sont limitées, témoigne Aude Choichillon. Le travail n’en est que plus fluide et par conséquent plus agréable. » Côté maîtrise d’œuvre, le bilan apparaît aussi positif : « Nous avons constaté une réelle montée en compétence pour l’agence, avance Pierre Bonnard. Une fois que les collaborateurs y ont goûté, ils ne veulent d’ailleurs plus revenir en arrière ». Enfin, du côté de Toulouse Métropole, « c’est un vrai succès, juge Émilie Tourret : les engagements financiers ont été tenus, le planning de livraison a été respecté et tous les intervenants de la Ville ont pu s’approprier la maquette, qu’il s’agisse de ceux chargés de la sécurité, de l’accessibilité ou encore des questions éducatives. »
Les + et les –
du BIM pour ce projet
LES +
+ L’accompagnement par la FFB, notamment en termes de formation
+ Le périmètre de la maquette numérique (lots principaux et secondaires)
+ Le respect du calendrier
+ La montée en compétence des équipes
LES -
- Des tensions à cause des efforts d’adaptation demandés
- La nécessité de changer de logiciel en cours de route, le langage IFC n’étant pas partagé par tous
UNE QUESTION DE LA SALLE
Comment décliner les atouts de la maquette BIM en termes de maintenance ?
Au centre des enjeux du BIM, cette question concerne à la fois le maître d’ouvrage et le maître d’œuvre : « Il est indispensable pour nous, à l’issue des travaux, d’obtenir les informations utiles à l’exploitation des bâtiments, pour innover en matière de maintenance », a insisté Émilie Tourret. « Après avoir récupéré les dossiers des ouvrages exécutés, auprès des entreprises, il nous revient de travailler sur la mise au point de la maquette maintenance », a reconnu Pierre Bonnard. Restera cependant à régler des problèmes de compatibilité informatique entre la maquette numérique et le logiciel de maintenance de la Métropole.