Avec trois bâtiments à déconstruire et reconstruire, en site occupé, la reconfiguration totale du lycée AmbroiseBruguière de Clermont-Ferrand est une opération très complexe. Pour la mener à bien, le conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes a décidé de tester le pilotage en BIM.
Clermont-FerrandREX
Les outils du BIM mobilisés
Maître d’ouvrage, maître d’œuvre, bureaux d’études : tous les acteurs impliqués dans le chantier de reconstruction-extension du lycée Ambroise-Bruguière ont fait leurs premières armes en BIM à l’occasion de cette opération importante, lancée en 2014 et dont les travaux devraient s’achever en 2024. « Nous avons souhaité expérimenter la première version de notre Charte BIM, a indiqué Gilles Bereta, responsable de l’unité « Gestion du patrimoine bâti et foncier », à la Région. Dans ce document, la Région exprime ses besoins généraux en matière de gestion, surtout pour tout ce qui concerne l’exploitationmaintenance. » « C’était une première pour nous aussi, a témoigné Thomas Noël, ingénieur thermicien en bureau d’études techniques. Nous avions déjà des outils de travail en 3D, mais qui n’étaient pas collaboratifs. » « Pour nous, l’enjeu était surtout expérimental, a reconnu de son côté Arthur Monteilhet, ingénieur BIM Manager chez CRR Architecture. Nous avons dû nous questionner sur les méthodes de travail et les logiciels à déployer. »
Contraintes rencontrées et solutions apportées
Constatant que la charte BIM dont il s’était doté n’était pas assez précise, le conseil régional s’est rapproché de la maîtrise d’œuvre pour élaborer un tableau de définition des objets : cet outil supplémentaire doit permettre de lister les éléments à renseigner, salle par salle, pour que la maquette numérique finale réponde aux attentes du maître d’ouvrage en matière d’exploitation et de maintenance. Car, il s’agit, à terme, pour la Région d’améliorer la gestion d’un patrimoine scolaire qui compte 306 lycées et quelque 4,5 millions de m2. Autre difficulté rencontrée, la mise en place de protocoles d’échange entre les logiciels utilisés : « Dans l’équipe nous avions plusieurs logiciels différents, note Thomas Noël. Or, les architectes, les bureaux d’études fluides ou bois n’utilisent pas les mêmes logiciels. Certains bureaux dessinaient même en 2D ; si bien qu’il a été impossible de travailler sur fichiers natifs. Sans l’IFC pour tout échanger, ça n’aurait pas été possible ! »
Quels bénéfices au total ?
À l’origine de l’initiative, le conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes tire un bilan globalement positif de l’expérience : « Nous voulions nous positionner comme moteur pour entraîner les entreprises vers la digitalisation et faire la démonstration que nous étions convaincus par la méthode, confie Gilles Bereta. Sur ce point, nous avons affirmé la visibilité de la Région par rapport au BIM. » Audelà de l’image, l’institution a rodé son approche et se prépare à faire évoluer sa charte BIM, en prévoyant davantage d’interactions entre maître d’ouvrage et maître d’œuvre tout au long du projet. L’architecte, de son côté, a pris conscience grâce de l’opportunité que représente le BIM pour « optimiser nos méthodes en interne, a jugé Arthur Monteilhet. Nous avons pu entrevoir de nouvelles perspectives. Pour la prochaine fois, je pense qu’il faudrait davantage partir du besoin final des utilisateurs pour remonter la chaîne des acteurs et mieux définir les attentes vis-àvis du BIM. » Enfin, Thomas Noël, le thermicien, a assuré que dans le domaine des fluides, pour lequel les maquettes sont essentielles pour appréhender les questions d’encombrements des réseaux, « le recours à la maquette numérique est un outil d’échange et de médiation précieux ». L’ingénieur a conclu en espérant que « demain, cet outil puisse être utilisé aussi auprès des ouvriers, dans les bungalows de chantier, pour qu’ils puissent eux-aussi poser les bonnes questions. »
Les + et les –
du BIM pour ce projet
LES +
+ Meilleur partage des problématiques entre corps de métier
+ Optimisation des méthodes de travail en interne
+ Accompagnement des entreprises de la région vers plus de digitalisation
LES -
- Manque de précisions de la Charte BIM
- Délai d’adaptation pour bien définir le rôle des BIM Managers
UNE QUESTION DE LA SALLE
À la question de savoir « Comment le recours au BIM avait été valorisé ?
Gilles Bereta a estimé que son coût s’élevait à 1,6% des travaux. Financé par la Région, cet investissement entraînera à termes des économies, évitant par exemple au conseil régional de commander régulièrement des relevés de ses lycées pour en connaître le périmètre et les caractéristiques exacts.