Indispensable pour des raisons réglementaires, l’extension de l’aéroport La Réunion Roland Garros, situé à Sainte-Marie, à quelques kilomètres à l’est de Saint-Denis, prévoit la construction d’un bâtiment pour le tri des bagages et l’accueil des passagers qui débarquent, libérant ainsi de l’espace dans l’édifice actuel pour les départs. A cette dimension fonctionnelle s’ajoutent des enjeux d’innovation, puisqu’il s’agit de construire une aérogare en ventilation naturelle, sans climatisation.
REXLa Saline-les-bains
Les outils du BIM mobilisés
Maître d’ouvrage du projet, la société anonyme Aéroport de La Réunion Roland Garros a souhaité que les travaux d’extension et de modernisation de ses installations soient l’occasion d’expérimenter le BIM. Elle a donc listé ses attentes, dès la phase de concours, dans une charte BIM. Elle y exige notamment le recours à la maquette numérique dès la conception, pour la gestion du projet, pour l’exploitation et la maintenance futures des équipements et à des fins de communication. De cette charte a découlé une convention BIM, plus opérationnelle, dont les préconisations évoluent au fur-et-à-mesure de l’avancement du projet. « Nous avons utilisé la maquette numérique 3D pour la conception du nouveau bâtiment, donne pour exemple l’architecte Frédéric Griffe, puis pour présenter le projet aux différents services. Cela a facilité leur compréhension du projet. Nous avons aussi pu la partager en temps réel avec les différents professionnels de l’équipe de conception, ceux qui sont chargés de la gestion des flux de passagers et ceux qui travaillent sur le tri des bagages ou la soufflerie... Cela nous a évité d’avoir à réaliser 3000 maquettes ! ». « L’intérêt principal de la maquette numérique, a souligné Vincent Beaudemoulin, dessinateur projeteur du bureau d’études INSET, c’est que tous les livrables en font partie. Elle centralise donc tout, c’est le point névralgique du projet. »
Contraintes rencontrées et solutions apportées
Alors que les différents protagonistes n’avaient pas tous, au départ, la même connaissance du BIM, la double mission du bureau d’études INSET s’est révélée très importante : « Nous avons un rôle de modélisateur, mais aussi de coordinateur, a expliqué Vincent Beaudemoulin. Car nous avons des responsables BIM du côté de la conception, de la construction et de l’exploitation. » Au-delà des aspects humains, les freins sont aussi techniques et géographiques : l’utilisation d’une maquette numérique demande des outils informatiques très puissants et très lourds à manier et à échanger, de surcroît quand une partie des équipes sont en métropole. Pour contourner cette difficulté, « Nous avons fait le choix d’un BIM niveau 2, dans lequel chaque lot modélise sa maquette, a plaidé Vincent Beaudemoulin. Et nous avons utilisé le format BCF qui a pour avantage de séparer les maquettes et l’information. C’est un outil efficace pour limiter le poids de ce qu’on s’échange, avant que la maquette ne soit finalisée. »
Quels bénéfices au final ?
Le rôle moteur joué par la maîtrise d’ouvrage et l’expertise de la maîtrise d’oeuvre en matière de BIM sont les points forts de ce projet et en constituent les principaux facteurs de réussite. Ils ont constitué des points d’appui pour le bureau d’études INSET. Plus globalement, le recours au BIM a constitué une aide à la décision pour le maître d’ouvrage, une meilleure appréhension des choix techniques et structurels et une meilleure anticipation des enjeux de maintenance. « Le BIM permet de construire avant de construire », a résumé Vincent Beaudemoulin. Cela représente un gain de temps et d’argent au stade de la réalisation, davantage qu’à celui de la conception.
Les acteurs du projet
La société anonyme Aéroport La Réunion Roland-Garros est le maître d’ouvrage de l’opération ; le groupe AIA Life designers, créé en 1975, a remporté le marché de maîtrise d’oeuvre. Intervenant en France et à l’international, cette entreprise comprend 650 collaborateurs répartis sur cinq entités (architecture, ingénierie, management, territoires, environnement). Les bureaux d’études VRD Incom, pour l’ingénierie des structures, et Inset, pour les fluides, font partie de la maîtrise d’oeuvre.
Les + et les –
du BIM pour ce projet
LES +
+ Un cahier des charges et une convention BIM très bien ciblés
+ Des échanges nombreux en amont
+ Une maîtrise d’oeuvre expérimentée
+ Un maître d’ouvrage moteur
+ La forte implication des acteurs
+ L'anticipation des travaux dans l’existant
LES -
- Des flux de données important et lourd à gérer
- Des niveaux de maturité différents
- Une tendance à réaliser la présynthèse trop tôt
- Un manque de visibilité sur l’existence d’outils